vendredi 23 février 2007

Les amis d'Émile (49)


23/01/07 Ce soir, j'ai eu envie de vous montrer mon petit garçon avant qu'il soit atteint de cette maudite maladie. L'époque où on était pas obligé de lui faire prendre des tas de médicaments par tous les moyens possibles. L'époque où notre bébé n'avait comme stress que le choix de ses vêtements à porter pour la journée ou le film qu'il voulait regarder. Aujourd'hui, il est continuellement hypervigilant, anxieux surtout lorsqu'il nous voit sortir les fioles de pilules ou les sirops ou installer les seringues et autres bidules qui lui transperseront le corps. Pendant deux longues années, ce sera ça sa vie. Peut-il vraiment s'habituer à cette routine? Comprend-il vraiment que nous n'avons pas le choix car tel est le prix de sa survie? Et pourtant, il essaie...Du haut de ses 3 1/2 ans, il nous répète ce que nous lui avons donné comme explications pour qu'il comprenne. Il essaie de rendre normal toute cette mise en scène entourant les traitements de sa leucémie en verbalisant sur le pourquoi de tous ces sirops et pilules à prendre chaque jour. Mais, malgré son charisme et charme légendaire et extraordinaire, il ne réussit pas à se convaincre ni à nous berner. Alors, c'est le coeur lourd et l'esprit tourmenté qu'il se résigne et avale ses potions magiques. Ce soir, il est tellement fatigué de ce stress qu'il demande à se coucher aussitôt la dernière médication prise. Et comme si ce n'était pas assez, il faudra le réveiller pour lui donner sa chimio, le purinéthol, dans environ deux heures puisqu'il devra être à jeun depuis ce temps, au moins (il a mangé jusqu'à l'heure de son dodo). Il est vachement difficile de demeurer positive dans ces circonstances mais il le faut car je lui dois bien ça pour tous ces efforts surhumains qu'il doit faire. Émile est vraiment un petit "grand" homme. Alors pour me redonner du courage, je regarde une photo comme celle-ci et me dit qu'un jour, dans deux ans, je retrouverai mon petit garçon et laisserai derrière cette satanée maladie...en versant alors, non pas des larmes d'un immense chagrin mais d'un énorme bonheur retrouvé!!!!